Un déjeuner européen avec Quatremer

27 octobre 2009

Le 23 octobre dernier, le correspondant de libération aux affaires
européennes fut invité par Visions d'Europe à l'IEP de Lille pour nous
parler du référendum irlandais ainsi que du traité de Lisbonne.
 
Jean Quatremer accepta de parler du sujet proposé même si celui-ci l'agace
vu son impact médiatique.
Le traité de Lisbonne sera le dernier traité de nature horizontale avant
de nombreuses années, les institutions ne bougerons plus vu le calme des
citoyens concernant les questions d'ordre institutionnel. L'Europe verra
un foisonnement de traités verticaux répondants à de nombreuses questions
qui par nature intéresserons le citoyen, dont la défense, le traité de
Lisbonne parachève ainsi le processus institutionnel.
Il prit le temps de développer quelques points sur le traité de Lisbonne
dont la création du poste de ministre des affaires étrangères et de
président du conseil, ce dernier risquant d'être source de débats houleux
au sein de l'union.
Mister Blair fut longtemps soutenu par la France pour ce poste, dont c'est
le candidat quasi-officiel, l'affaire est tendue car pour devenir le futur
président du conseil un problème se pose à lui, l'Allemagne ainsi que ses
coloniaux ne digèrent toujours pas sa position concernant la guerre en
Irak. Le premier ministre du Grand Duché, Jean-Claude Juncker, qui mena la
campagne anti-Blair reste candidat à ce poste mais cet homme possède une
attitude fédéraliste qui risque de ne pas plaire aux britanniques ( ses
derniers se déclarants déjà contre sa candidature ).
Le conseil européen est pour le moment un triumvirat où français,
allemands et britanniques imposent leur vision respective instaurant une
méfiance des petits pays face aux grands d'où la nécessité de ne pas
imposer un Barosso-bis au conseil qui doit être dirigé par une
personnalité possédant une réelle conviction de l'union européenne et
travaillant pour elle et non pour les États du conseil.
La commission fut évoquée, et évidemment critiquée, devant être par nature
indépendante des grands et assurer une égalité envers les petits pays de
l'union elle n'assure aujourd'hui pas ce rôle.
Après ce bilan institutionnel désastreux il évoqua rapidement l'essence
même de l'Union. Vivant les affaires européennes depuis le traité de
Maastricht, il observa une réelle amélioration des rapports entre États de
l'Union. L'Union reste facteur de paix. La transition des pays de l'est
n'apporta aucune dérive autoritaire ou guerre civile.
Il souligna la difficulté de classifier l'Union, renvoyant à la pensée de
Chargnollaud ou l'Union n'est pas un État ni une organisation
internationale mais une organisation du troisième type, étant réellement
une fédération sui generis.
 
 
De nombreuses questions furent posées, dont l'Europe et la Turquie, la
nomination de Michel Barnier au poste de commissaire, l'Europe et l'Iran,
l'Europe et la Chine, l'intervention de Javier Solana à Israël, l'Europe
et l'élargissement...
Ce fut un exposé très intéressant, n'hésitant pas à ridiculiser les
manœuvres de couloirs orchestrées par les États membres de l'U.E. Un réel
plaisir d'écouter cette grande gueule qui ne cache pas son amour de
l'Europe.
 
Pour plus d'infos je vous renvoie à son blog ;
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/
 
( Je remercie Visions d'Europe pour l'invitation )

Jean-Baptiste Kastell, Jeunes Européens-Lille